Céréales

Situation du marché

Les marchés mondiaux des céréales se caractérisent ces dernières années par des approvisionnements abondants dans un contexte de croissance plus lente de la demande. Par conséquent, les stocks mondiaux s’accroissent et les prix internationaux de l’ensemble des céréales atteignent des niveaux relativement bas par rapport à la décennie précédente. Même le recul de la production mondiale de céréales en 2015, suite à la récolte record de 2014, n’a pu inverser cette pression à la baisse, menant à de nouvelles diminutions des prix internationaux au cours de la campagne 2015 (pour une définition de la campagne, se référer au glossaire). Compte tenu des perspectives initiales de la production mondiale de céréales pour cette campagne, de la faiblesse de la demande et de l’importance des stocks en 2016, les marchés mondiaux sont susceptibles d’afficher des prix relativement bas. Dans ce contexte, seuls des changements profonds ou brusques de la demande ou de l’offre pourraient modifier les perspectives à court terme.

Principaux éléments des projections

Les prix ayant été relativement bas pendant la période de référence (2013-15), l’atonie de la croissance économique, le niveau élevé des stocks, la faiblesse des prix du pétrole et la vigueur du dollar des États-Unis sont susceptibles de continuer à exercer une pression sur les prix sur le court terme. Toutefois, sur le moyen terme, les prix du blé et des céréales secondaires devraient être déterminés principalement par les coûts et augmenter en valeur nominale, mais pas suffisamment pour progresser au même rythme que l’inflation, impliquant de légères baisses en valeur réelle. Quoi qu’il en soit, les prix des céréales dans leur ensemble, même en valeur nominale, devraient être plus bas en moyenne qu’au cours de la décennie précédente, tout en se situant bien au-dessus des niveaux des dix années antérieures.

La production mondiale de céréales devrait progresser de 12 % à l’horizon 2025 par rapport à la période de référence, ce qui s’explique en grande partie par les améliorations du rendement, malgré une extension des surfaces limitée. Par rapport à la période de référence, la production de blé en 2025 devrait enregistrer un accroissement de 10 % (71 Mt), l’Inde assurant la production de 10 Mt de plus, la Chine 7.9 Mt, l’Argentine 5.6 Mt, l’Ukraine 5 Mt, la République islamique d’Iran 4.7 Mt, la Turquie 4.2 Mt, l’Union européenne 3.5 Mt, la Fédération de Russie 3.1 Mt, le Canada 1.9 Mt et les États-Unis 1.7 Mt. L’on prévoit également une hausse de la production de riz de 14 % (69 Mt), la majeure partie de celle-ci (59 Mt) étant assurée par des pays asiatiques, avec en tête l’Inde (20 Mt), puis l’Indonésie (8.1 Mt), le Viet Nam (6 Mt), le Bangladesh et la Chine (4 Mt chacun), ainsi que la Thaïlande (2.8 Mt). Selon les projections, la production de maïs devrait croître de 13 % (131 Mt), sous l’impulsion des États-Unis (27 Mt), du Brésil (21.5 Mt), de la Chine (21 Mt), de l’Argentine (6 Mt), de l’Union européenne (5.6 Mt) et de l’Indonésie (4 Mt). La production de céréales secondaires devrait afficher une hausse de 8 % (25 Mt), les plus fortes augmentations étant enregistrées en Éthiopie (5.5 Mt), en Argentine (3.1 Mt) et en Inde (2.9 Mt), suivie de près par le Nigéria (1.9 Mt).

La consommation mondiale de céréales devrait afficher une augmentation de 14 %, ou 340 Mt, pour atteindre 2 818 Mt à l’horizon 2025. La consommation de blé devrait s’accroître de 11 % par rapport à la période de référence et continue à être largement destinée à la consommation humaine (69 % de l’utilisation totale au cours de la période de projection). Il est prévu que l’utilisation du blé dans l’alimentation animale s’intensifie principalement en Chine, dans la Fédération de Russie et dans l’Union européenne, tandis que son utilisation comme biocarburant représente uniquement 1.2 % de l’utilisation mondiale en 2025. L’utilisation du maïs dans l’alimentation animale devrait accroître sa part dans l’utilisation totale, passant de 56 % au cours de la période de référence à 60 % en 2025. L’augmentation de l’utilisation totale de maïs prévue (157 Mt) s’explique principalement par une utilisation accrue dans l’alimentation animale (127 Mt) – essentiellement en raison de l’expansion rapide du secteur de l’élevage dans les pays en développement. La consommation humaine de maïs devrait progresser de 21 % (28 Mt), surtout dans les pays en développement, notamment ceux de l’Afrique où le maïs blanc est un aliment de base essentiel dans plusieurs pays. L’utilisation de céréales secondaires devrait quant à elle enregistrer une hausse de 11 % (31 Mt), stimulée en grande partie par la consommation humaine (16 Mt), suivie de près par la demande d’aliments pour animaux (14 Mt). L’accroissement de la consommation humaine est essentiellement attribuable à l’Afrique subsaharienne (13 Mt) et celui de la consommation d’aliments pour animaux à la Chine. Le riz reste principalement destiné à la consommation humaine directe, car il est un aliment de base majeur dans de nombreuses régions de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes. La consommation totale devrait connaître une hausse de 563 Mt à l’horizon 2025, essentiellement sous l’effet de la croissance démographique. Compte tenu de l’évolution prévue de la démographie, les pays asiatiques devraient représenter plus de 80 % de l’accroissement attendu de la consommation mondiale de riz.

Graphique 3.1. Prix mondiaux des céréales

Note : blé : prix FAB du blé rouge d’hiver de catégorie n° 2, ports des États-Unis ; maïs : prix FAB. du maïs jaune de catégorie n˚ 2, ports des États-Unis ; céréales secondaires : orge fourragère, prix FAB Rouen, riz : prix du riz usiné, 100 %, grade B, FAB Thaïlande.

Source : OCDE/FAO (2016), « Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO », Statistiques agricoles de l’OCDE (base de données), http://dx.doi.org/10.1787/agr-data-fr.

 

À l’horizon 2025, les échanges céréaliers mondiaux devraient atteindre 417 Mt, soit 10 % de plus par rapport à la période de référence. Avec ce niveau, l’expansion des échanges mondiaux devrait être légèrement plus rapide que celle de la production (1.6 % par an contre 1.2 %), maintenant ainsi la part de la production mondiale échangée à 15 %. Pour le blé, cette proportion devrait se monter à 22 % d’ici à 2025, contre 12 % pour le maïs et 15 % pour les céréales secondaires. Conformément aux tendances antérieures, les pays développés devraient rester les principaux exportateurs de blé et de céréales secondaires vers les pays en développement, tandis que le riz est principalement échangé entre les pays en développement. Sur les marchés internationaux du riz, les acteurs devraient rester les mêmes, bien que les exportateurs comme le Cambodge et le Myanmar devraient accroître leurs parts du marché international au cours de la décennie.

La baisse des prix des céréales par rapport à la décennie précédente devant se poursuivre, elle aura des répercussions sur les décisions de production et par conséquent sur les réponses du côté de l’offre. Dans les dix prochaines années, le prix des céréales par rapport aux autres cultures, comme les oléagineux, constituera donc un facteur important, qui pourrait entraîner une redistribution accrue des cultures. Du côté de la demande, les évolutions dans les économies à croissance rapide auront des implications plus profondes pour les échanges. Les changements de la demande en Chine et le moment où ce pays écoulera ses stocks de maïs constitueront les principales incertitudes durant la période considérée.

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