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Produits Laitiers

 

Situation du marché en 2017

Les cours mondiaux du lait ont continué à augmenter en 2017, tirés par une baisse de la production au dernier trimestre 2016 et au premier trimestre 2017, et par une demande soutenue de matières grasses solides du lait. Le prix du beurre a fait un bond spectaculaire au premier semestre 2017, avant de redescendre vers la fin de l’année ; en moyenne, il a augmenté de 65 % par rapport à 2016. En 2017, les prix du lait entier en poudre, du fromage et du lait écrémé en poudre ont augmenté respectivement de 28 %, 25 % et 3 %.
Dans l’immédiat, le prix du beurre devrait continuer à baisser en 2018 tout en restant plus élevé que ces dernières années. De même, celui du fromage devrait reculer à mesure que l’offre de matières grasses solides s’étoffera par rapport à la demande et que leur prix diminuera. Le prix du lait en poudre devrait augmenter en 2018, mais la remontée sera sans doute plus lente pour le lait écrémé, en raison de stocks relativement importants, surtout dans l’Union européenne.

En 2017, la production mondiale de lait a modestement augmenté, de 0.5 %, soit une allure bien plus modeste que les 2.1 % constatés en moyenne ces dix dernières années. Les principaux exportateurs que sont l’Union européenne, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Argentine ont connu une baisse de leur production au premier semestre 2017, suivie d’un léger rebond au second semestre. Sur la même période, la production a reculé dans certains grands pays producteurs de l’Union, comme la France et l’Allemagne, en raison de mauvaises conditions météorologiques, d’une baisse du prix du lait et d’une contraction du cheptel. Aux États-Unis, la stagnation des effectifs du cheptel laitier et du rendement par vache a bridé l’offre. Malgré des prix bas pour l’alimentation du bétail, la marge laitière s’est contractée en raison de la baisse du prix du lait au départ de l’exploitation. En Argentine, la production a opéré un redressement après avoir cédé plus de 10 % en 2016. Le rebond attendu de la production de lait en Nouvelle-Zélande n’a pas eu lieu en raison d’un printemps (août-septembre) frais et humide. Enfin, en Australie, la hausse de la production s’est heurtée à la diminution du nombre d’élevages et du cheptel due à de mauvaises conditions météorologiques et au faible prix du lait au départ de l’exploitation.

Les échanges de produits laitiers profitent d’une croissance plus forte du PIB, mais ils ont ralenti ces dernières années. En 2017, la République populaire de Chine (ci-après « la Chine »), premier importateur de produits laitiers, a augmenté ses importations de lait en poudre de 6 % par rapport à 2016, sans pour autant revenir aux sommets atteints en 2013 et 2014. En revanche, les importations de fromage ont crû de 16 %, une tendance qui se poursuit depuis dix ans (la Chine est le cinquième importateur mondial de fromage). L’Océanie exporte moins de produits laitiers qu’en 2016, à l’exception du fromage néozélandais, dont les exportations ont augmenté pour la deuxième année d’affilée. La Nouvelle-Zélande a diminué sa production de lait entier en poudre mais accru celle de fromage pour répondre à une demande mondiale en hausse. Enfin, les exportations de lait liquide ont progressé rapidement ces dernières années, puisqu’elles ont crû de 4 % en 2017 après une hausse de 16 % en 2016.

Diverses mesures commerciales ont une incidence sur les échanges de produits laitiers : la prolongation de l’interdiction des importations en Inde (jusqu’au 23 juin 2018) et en Fédération de Russie (jusqu’à la fin de 2018) ; la décision du Mexique d’interdire les importations de produits laitiers en provenance de Colombie, en raison d’une épidémie de fièvre aphteuse ; des mesures non douanières (prises par l’Indonésie vis-à-vis des produits laitiers en provenance des États-Unis) ; l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (AECG), entré en vigueur le 21 septembre 2017. En outre, les stratégies de stockage et de déstockage pourraient avoir des effets à court terme sur les marchés. Sur la période 2015-17, l’Union européenne a constitué un stock d’intervention de lait écrémé en poudre de 378 000 tonnes (ce qui représente environ 6.5 % de la production mondiale et environ 20 % des échanges mondiaux). Les stocks de lait écrémé en poudre ont également augmenté aux États-Unis et en Inde.

Consommation par habitant de produits laitiers frais et transformés, en extrait sec de lait

Principaux éléments des projections (2018-2027)

Bien que la production mondiale de lait ait peu augmenté ces dernières années, elle devrait progresser de 22 % d’ici 2027 par rapport à la période de référence (2015-17). Les pays en développement représenteraient l’essentiel de cette hausse (80 %), en particulier le Pakistan et l’Inde, qui fourniraient ensemble 32 % de la production totale en 2027, contre 26 % durant la période de référence. Dans les pays en développement, la production devrait croître au rythme de 3.0 % par an, mais la hausse sera principalement absorbée localement, sous forme de produits laitiers frais . Les pays développés devraient voir leur part dans la production tomber de 48 % en 2017 à 43 % en 2027. Depuis la parution de l’édition précédente des Perspectives, le recul des prix des produits laitiers a mis un frein à l’offre, en particulier dans les pays développés. Au niveau mondial, la production de beurre, de lait en poudre (entier et écrémé) et de fromage devrait progresser respectivement de 2.2 %, 1.6 %, 1.3 % et 1.3 % par an.

Depuis plusieurs années, la demande de produits laitiers des pays développés se réoriente vers le beurre et les matières grasses du lait, au détriment des produits de substitution à base d’huile végétale. Cette tendance s’explique par les évaluations plus favorables des effets des matières grasses laitières sur la santé et par l’évolution des goûts. Par ailleurs, avec l’accroissement des revenus et de la population ainsi que l’uniformisation des habitudes alimentaires dans le monde, les pays en développement devraient consommer davantage de produits laitiers. La consommation par habitant (en extrait sec) passerait ainsi de 22.2 kg en 2015-17 à 23.1 kg en 2027 dans les pays développés, et de 10.6 kg à 13.5 kg dans les pays en développement. On constate toutefois d’importantes disparités régionales entre les pays en développement, qui consomment surtout des produits laitiers frais, alors que dans les pays développés, les consommateurs préfèrent les produits transformés.

Alors que le prix du beurre restera probablement orienté à la baisse après la bulle du premier trimestre 2017, le fromage devrait s’apprécier d’environ 2.1 % par an sur la période examinée. On prévoit par ailleurs une forte augmentation du prix du lait en poudre (de 3.4 % par an pour le lait écrémé comme pour le lait entier). Toutefois, dans le cas du lait écrémé, le point de départ est relativement bas et la remontée devrait être lente à brève échéance, compte tenu des stocks importants qui pèsent sur le marché. Malgré la hausse relativement forte des prix du lait en poudre en valeur nominale, il ne faut pas attendre un retour aux sommets atteints en 2013-14. Par conséquent, les prix resteront stables en valeur réelle.

La dépréciation des monnaies argentine (104 %), brésilienne (14 %) et mexicaine (13 %) vis-à-vis du dollar des États-Unis entre 2015-17 et 2027 favorisera les exportations de ces pays, dont les produits deviendront plus compétitifs que ceux des États-Unis, mais aussi de l’Union européenne ou de l’Océanie. Sur le front des importations, les devises des principaux pays importateurs, à savoir la Chine, les Philippines et l’Indonésie, devraient rester stables ou s’apprécier légèrement, ce qui ne devrait pas avoir de retombées négatives sur la demande d’importations de produits laitiers des pays concernés. L’Égypte, dont la monnaie se dépréciera sans doute de façon importante, constitue une exception. Au Japon, le vieillissement de la population freine la demande d’importations, tandis qu’au Canada, ce sont les mesures de soutien à la filière laitière. Entre la période de référence et 2027, la part de l’Union européenne dans les exportations mondiales de produits laitiers passera de 24 % à 28 % du total. L’Inde, qui est le premier producteur mondial de lait, dispose d’un marché intérieur de grande taille et en expansion, mais ce pays ne devrait pas devenir un acteur important sur le marché international du lait et des produits laitiers.

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